STOP!
Arrêtez tout, et écoutez cette chanson d'urgence!
Arrêtez tout, et écoutez cette chanson d'urgence!
Cela fait 8 ans que je possède l'album "Aidalai" (ultime réel album de Mecano, 3,5 millions d'exemplaires vendus dans le monde), que je l'écoute régulièrement et massivement.
"El peón del rey de negras" m'a toujours été agréable, passant très bien dans le fil de l'album, mais sans plus.
Comme souvent, je suis d'abord sensible à la mélodie et je ne prête attention aux paroles qu'après coup.
J'ai donc fini par piocher çà et là quelques éléments de sens et trouver sympathique, mignonne, cette histoire de petit pion noir du jeu d'échec qui part au combat avec toute sa candide ferveur.
Depuis deux-trois ans déjà, cette chanson a pris plus d'importance dans mes écoutes, alors que le temps me rendait de plus en plus sensible à cette mélodie peut-être moins immédiatement accessible mais façonnée au cordeau et bourrée d'énergie.
Et puis, depuis quelques jours...
La révélation.
Le choc.
A l'occasion de l'achat de la réédition 2005 de l'album, je redécouvre un peu plus cette chanson qui, remasterisée, dévoile un peu plus sa puissance musicale à mes oreilles, avec une voix d'Ana Torroja qui détone assez des interprétations très douces dont elle est plus coutumière.
Et, pris dans le rythme, je décortique un peu plus ce texte que je n'avais pour le moment compris que par bribes, dico d'espagnol à l'appui pour les zones d'ombres.
CE TEXTE EST UN CHEF-D'OEUVRE ABSOLU.
Il y a tout.
A travers le prisme de la métaphore, il dénonce avec une subtilité extraordinaire à la fois le racisme, la lutte des classes, et l'inanité de notre système tout entier face au miracle de la vie.
Le jeu d'échecs symbolise tant la hiérarchisation de notre société et les injustices qui en découlent que la division entre les peuples avec la séparation noirs/blancs. Le plateau de jeu, quant à lui, représente la vie, de laquelle nous sommes tous autant que nous sommes éjectés à un moment ou à un autre de la partie, mettant fin à tout apartheid.
Chaque vers dit quelque chose, chaque mot a son importance, et par un subtilissime jeu de construction et d'échos, tout prend sens.
Petit résumé maison des paroles pour ceux qui ne comprennent goutte de l'espagnol:
C'est un petit pion tout noir qui souhaite progresser dans la vie. Pour cela, il fait preuve de courage, de persévérance, et respecte scrupuleusement toutes les règles du jeu. Mais en raison de sa taille, sa couleur, et du dernier fait sus-cité, il n'arrive pas à aller plus haut que pion du roi.
Alors que se déclenche la guerre contre les blancs, exacerbée par des haines factices (le bon blanc est un blanc mort car le borgne se relèverait pour te tuer à son tour), les pions sont les premiers à affronter la mort en face.
Pendant ce temps, le roi prend la tangente en faisant le roque avec le fou (et non avec la tour comme le prévoit la règle. Donc le roi triche, contrairement au pion), sous le regard d'une reine qui ne dit rien tant qu'elle on la laisse se barrer dans une station balnéaire chic (Estoril).
Conclusion, martelée tout le long de la chanson: "Cuando se es peón, la unica salida es la revolución". Traduction: "Quand on est pion, la seule voie de sortie, c'est..."
Je pense que le dernier mot est transparent.
Il faut quand même préciser que cette chanson devait être le 2e extrait de l'album "Aidalai", après le carton du single de retour "El 7 de septiembre" (pendant ce temps, chez nous, c'est "Hijo de la luna" version française qui est exploitée).
Comme pour chaque chanson de Mecano, l'accueil des radios espagnoles est excellent... mais pas pour longtemps.
Les diffusions s'étiolent vite et le single reste au placard (n'existe qu'un 45 tours promo). A la place, c'est "Naturaleza muerta" qui est exploitée et devient un succès (également petit succès en France sous le titre "Nature morte"), chanson également symbolique, mais pour le coup, plus "mignonne".
Je laisse loisir à chacun de penser quelles sont les raisons qui ont pu conduire à ce changement.
Pendant ce temps, ça fait trois jours que je frissonne à chaque vers, que cette chanson m'arrache des larmes à répétition.
Et il m'a fallu 8 ans pour en arriver là, fort d'une lecture de plus en plus attentive du texte, à laquelle se greffent d'autres discours de lutte et des résonances très fortes à mon vécu.
Cette chanson devient ma première indispensable de Mecano, tant par le génie du texte que de la musique (signés tous deux José Maria Cano).
"El peón del rey de negras" m'a toujours été agréable, passant très bien dans le fil de l'album, mais sans plus.

Comme souvent, je suis d'abord sensible à la mélodie et je ne prête attention aux paroles qu'après coup.
J'ai donc fini par piocher çà et là quelques éléments de sens et trouver sympathique, mignonne, cette histoire de petit pion noir du jeu d'échec qui part au combat avec toute sa candide ferveur.
Depuis deux-trois ans déjà, cette chanson a pris plus d'importance dans mes écoutes, alors que le temps me rendait de plus en plus sensible à cette mélodie peut-être moins immédiatement accessible mais façonnée au cordeau et bourrée d'énergie.
Et puis, depuis quelques jours...
La révélation.
Le choc.
A l'occasion de l'achat de la réédition 2005 de l'album, je redécouvre un peu plus cette chanson qui, remasterisée, dévoile un peu plus sa puissance musicale à mes oreilles, avec une voix d'Ana Torroja qui détone assez des interprétations très douces dont elle est plus coutumière.
Et, pris dans le rythme, je décortique un peu plus ce texte que je n'avais pour le moment compris que par bribes, dico d'espagnol à l'appui pour les zones d'ombres.
CE TEXTE EST UN CHEF-D'OEUVRE ABSOLU.
Il y a tout.
A travers le prisme de la métaphore, il dénonce avec une subtilité extraordinaire à la fois le racisme, la lutte des classes, et l'inanité de notre système tout entier face au miracle de la vie.
Le jeu d'échecs symbolise tant la hiérarchisation de notre société et les injustices qui en découlent que la division entre les peuples avec la séparation noirs/blancs. Le plateau de jeu, quant à lui, représente la vie, de laquelle nous sommes tous autant que nous sommes éjectés à un moment ou à un autre de la partie, mettant fin à tout apartheid.
Chaque vers dit quelque chose, chaque mot a son importance, et par un subtilissime jeu de construction et d'échos, tout prend sens.
Petit résumé maison des paroles pour ceux qui ne comprennent goutte de l'espagnol:
C'est un petit pion tout noir qui souhaite progresser dans la vie. Pour cela, il fait preuve de courage, de persévérance, et respecte scrupuleusement toutes les règles du jeu. Mais en raison de sa taille, sa couleur, et du dernier fait sus-cité, il n'arrive pas à aller plus haut que pion du roi.
Alors que se déclenche la guerre contre les blancs, exacerbée par des haines factices (le bon blanc est un blanc mort car le borgne se relèverait pour te tuer à son tour), les pions sont les premiers à affronter la mort en face.
Pendant ce temps, le roi prend la tangente en faisant le roque avec le fou (et non avec la tour comme le prévoit la règle. Donc le roi triche, contrairement au pion), sous le regard d'une reine qui ne dit rien tant qu'elle on la laisse se barrer dans une station balnéaire chic (Estoril).
Conclusion, martelée tout le long de la chanson: "Cuando se es peón, la unica salida es la revolución". Traduction: "Quand on est pion, la seule voie de sortie, c'est..."
Je pense que le dernier mot est transparent.

Comme pour chaque chanson de Mecano, l'accueil des radios espagnoles est excellent... mais pas pour longtemps.
Les diffusions s'étiolent vite et le single reste au placard (n'existe qu'un 45 tours promo). A la place, c'est "Naturaleza muerta" qui est exploitée et devient un succès (également petit succès en France sous le titre "Nature morte"), chanson également symbolique, mais pour le coup, plus "mignonne".
Je laisse loisir à chacun de penser quelles sont les raisons qui ont pu conduire à ce changement.
Pendant ce temps, ça fait trois jours que je frissonne à chaque vers, que cette chanson m'arrache des larmes à répétition.
Et il m'a fallu 8 ans pour en arriver là, fort d'une lecture de plus en plus attentive du texte, à laquelle se greffent d'autres discours de lutte et des résonances très fortes à mon vécu.
Cette chanson devient ma première indispensable de Mecano, tant par le génie du texte que de la musique (signés tous deux José Maria Cano).
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