Avec cet article, quittons un peu la musique, sans quitter les années 80, et voyons en quoi celles-ci se font décidément la charnière entre deux époques.
De l'éclosion à l'envol
Né en 1972, Picsou Magazine était au départ un journal qui se faisait la traduction française du journal italien Almanacco Topolino.
Peu à peu, cette déclinaison française a pris son envol pour construire son identité propre.
Mais la première décennie d'existence du journal ne connaît pas de bouleversements majeurs sur le fond ni la forme. Pendant la première moitié des années 80, le format du journal est encore sensiblement le même qu'aux débuts: dos carré, pages en couleur une sur deux seulement...
Au milieu des années 80, c'est tout le contraire. En quelques années, le journal va changer quasiment du tout au tout.
Changement de rubriques, de logo... et, détail très révélateur sur lequel je vais m'attarder plus particulièrement, le journal ne s'adresse plus aux lecteurs à la deuxième personne du pluriel, mais du singulier!
"Consentement..."
Si l'oncle Picsou a toujours tutoyé ses lecteurs en répondant à leurs lettres dans "Voilà le facteur", les rubriques ont toujours usé du pluriel, laissant planer l'ambigüité entre un tutoiement pluriel ou un vouvoiement de politesse (mais de nombreuses tournures, comme "êtes-vous économe?", relèvent clairement du second cas).
Ainsi, l'on glisse peu à peu d'un côté encore un peu "vieille France" à un ton résolument plus moderne, qui sonne comme une rupture entre deux époques.
Pourtant, pendant plusieurs numéros, l'hésitation se fait entre le tutoiement et le vouvoiement.
Si c'est surtout en 1985 et 1986 que se fait pour la plus grande part cette hésitation (que l'on retrouve également dans d'autres magazines jeunesse à la même période, comme Mickey Parade), on constate qu'elle s'échelonne en fait sur plusieurs années:
N°114 - Août 1981
La rubrique jusque-là sobrement intitulée "abonnements" devient "abonne-toi!" (avec en plus la mention "le temps, c'est de l'argent"!)
Voilà qui est tout de suite plus incisif, non?
N°153 - Novembre 1984
La rubrique "Picsoutestez-vous" devient "Le Picsoutest".
Le "vous" est pourtant encore de rigueur dans les énoncés, mais plus pour longtemps.
Au n°172 de juin 1986, le "tu" s'installe dans ce qui est devenu le "loto-test".
N°163 - Août 1985
Certaines publicités publiées dans le journal ont toujours directement tutoyé leur public.
Mais les publicités pour les autres magazines Disney ont toujours employé la 2e personne du pluriel... jusqu'à 1985 où le "retenez.... chez votre marchand de journaux" devient autour de l'été "n'oublie pas... chez ton marchand de journaux"!
Pour ce n° 163, le logo est un peu revu.
N°178 - Décembre 1986
Dans la rubrique "Jouez au journaliste", le pluriel ne subsiste désormais plus que dans le titre.
N°181 - Mars 1987
Les injonctions des bonnes recettes de Grand-Mère Donald passent à leur tour au singulier.

De l'éclosion à l'envol
Né en 1972, Picsou Magazine était au départ un journal qui se faisait la traduction française du journal italien Almanacco Topolino.
Peu à peu, cette déclinaison française a pris son envol pour construire son identité propre.
Mais la première décennie d'existence du journal ne connaît pas de bouleversements majeurs sur le fond ni la forme. Pendant la première moitié des années 80, le format du journal est encore sensiblement le même qu'aux débuts: dos carré, pages en couleur une sur deux seulement...
Au milieu des années 80, c'est tout le contraire. En quelques années, le journal va changer quasiment du tout au tout.
Changement de rubriques, de logo... et, détail très révélateur sur lequel je vais m'attarder plus particulièrement, le journal ne s'adresse plus aux lecteurs à la deuxième personne du pluriel, mais du singulier!
"Consentement..."
Si l'oncle Picsou a toujours tutoyé ses lecteurs en répondant à leurs lettres dans "Voilà le facteur", les rubriques ont toujours usé du pluriel, laissant planer l'ambigüité entre un tutoiement pluriel ou un vouvoiement de politesse (mais de nombreuses tournures, comme "êtes-vous économe?", relèvent clairement du second cas).
Ainsi, l'on glisse peu à peu d'un côté encore un peu "vieille France" à un ton résolument plus moderne, qui sonne comme une rupture entre deux époques.
Pourtant, pendant plusieurs numéros, l'hésitation se fait entre le tutoiement et le vouvoiement.
Si c'est surtout en 1985 et 1986 que se fait pour la plus grande part cette hésitation (que l'on retrouve également dans d'autres magazines jeunesse à la même période, comme Mickey Parade), on constate qu'elle s'échelonne en fait sur plusieurs années:

La rubrique jusque-là sobrement intitulée "abonnements" devient "abonne-toi!" (avec en plus la mention "le temps, c'est de l'argent"!)
Voilà qui est tout de suite plus incisif, non?

La rubrique "Picsoutestez-vous" devient "Le Picsoutest".
Le "vous" est pourtant encore de rigueur dans les énoncés, mais plus pour longtemps.
Au n°172 de juin 1986, le "tu" s'installe dans ce qui est devenu le "loto-test".

Certaines publicités publiées dans le journal ont toujours directement tutoyé leur public.
Mais les publicités pour les autres magazines Disney ont toujours employé la 2e personne du pluriel... jusqu'à 1985 où le "retenez.... chez votre marchand de journaux" devient autour de l'été "n'oublie pas... chez ton marchand de journaux"!
Pour ce n° 163, le logo est un peu revu.

Dans la rubrique "Jouez au journaliste", le pluriel ne subsiste désormais plus que dans le titre.
N°181 - Mars 1987
Les injonctions des bonnes recettes de Grand-Mère Donald passent à leur tour au singulier.
Métamorphoses

Mais là où la métamorphose se fait la plus radicale, c'est avec le numéro 186 d'août 1987.
Exit le dos carré, les lecteurs trouvent désormais en kiosques un journal broché paré d'un tout nouveau logo (quoique restant un peu inspiré du précédent), de pages tout en couleur, et d'un Donald affublé de looks de l'époque envoyant son oncle Picsou au placard (ce qu'il n'avait fait que lors de rares numéros précédant d'ailleurs de peu celui-ci)...
Et cette fois, le tutoiement est total, uniforme et définitif.
Le magazine rentre dans une nouvelle ère qu'il poursuit aujourd'hui, se voulant plus jeune, plus dynamique, et plus ancré dans son temps.
A partir de ce numéro, on trouve notamment des articles sur les chanteurs de l'époque (ce qui n'est pas sans m'intéresser^^).
Je ne suis pas passéiste, et même je salue les (nombreux autres) changements réussis qu'a pu opérer le magazine pour rester toujours pertinemment moderne (et avec cela 3e meilleure vente de périodique jeunesse).
Mais force est de constater tout de même que le nivellement se fait par le bas. Désormais, shopping, articles pour des films souvent auto-promotionnels et re-re-re-re-publications de BD remplacent les reportages, nouvelles et inédits du début.
La grande question est: est-ce le magazine qui se fait le reflet de l'époque, ou l'époque qui se fait le reflet du magazine?...
Petit bonus:
Le générique de La bande à Picsou, série de 1987, chanté par les inénarrables Jean-Claude Corbel et Claude Lombard!
Exit le dos carré, les lecteurs trouvent désormais en kiosques un journal broché paré d'un tout nouveau logo (quoique restant un peu inspiré du précédent), de pages tout en couleur, et d'un Donald affublé de looks de l'époque envoyant son oncle Picsou au placard (ce qu'il n'avait fait que lors de rares numéros précédant d'ailleurs de peu celui-ci)...
Et cette fois, le tutoiement est total, uniforme et définitif.
Le magazine rentre dans une nouvelle ère qu'il poursuit aujourd'hui, se voulant plus jeune, plus dynamique, et plus ancré dans son temps.
A partir de ce numéro, on trouve notamment des articles sur les chanteurs de l'époque (ce qui n'est pas sans m'intéresser^^).

Mais force est de constater tout de même que le nivellement se fait par le bas. Désormais, shopping, articles pour des films souvent auto-promotionnels et re-re-re-re-publications de BD remplacent les reportages, nouvelles et inédits du début.
La grande question est: est-ce le magazine qui se fait le reflet de l'époque, ou l'époque qui se fait le reflet du magazine?...
Petit bonus:
Le générique de La bande à Picsou, série de 1987, chanté par les inénarrables Jean-Claude Corbel et Claude Lombard!