80s-de-l-ombre

D'un côté, il y a les tubes. Il y en a deux en France, mais des dizaines en Espagne. On peut rajouter quelques morceaux d'anthologie, qui, pour certains, connaissent une belle reconnaissance sur la durée.

Et puis il y a ces titres nichés au fin fond d'un album, qui n'ont jamais eu les honneurs du single, qui restent un peu cachés.
Et pourtant c'est aussi un bonheur de les ressortir. Et là, c'est mon boulot de les faire venir jusqu'à vos oreilles. C'est parti.

1. 50 palabras, 60 palabras o 100 (1986)
A la base, ce titre ne m'avait pas plus marqué que ça, notamment en raison d'une intro un peu "boîte à rythme" qui sonnait presque cheap. Le concert de 2015 d'Ana en solo, qui a eu la bonne idée de la refraîchir, m'a fait la découvrir sur un autre angle. Et au bout du compte adorer la version originale, finalement tout en nuances et subtilités (une fois qu'on a oublié l'intro).

2. El fin del mundo (1982)
Un titre de leur tout premier album. Album juvénile, ayant un peu vieilli qui plus est, mais témoignant déjà de toutes les qualités du groupe, qui n'allaient que demander à s'épanouir. En plein milieu de leurs premiers succès, ce titre assez planant et futuriste s'avère des plus agréables.

3. El balón (1983)
Un deuxième album réalisé un peu trop vite qu'on a ensuite essayé de faire oublier. Et pourtant, que de bons titres à l'intérieur! Parmi ceux-ci: cette chanson, où le pauvre Nacho se fait frapper par tout le monde (sa famille, sa chérie) et se compare à un ballon qui risque d'exploser. Pas très très inspiré comme comparaison? Oui, le groupe fit et fera mieux. Mais ça se mange quand même sans faim et sans fin. :)

4. Las cosas pares (1987)
Un amoureux qui se remémore les traits de son aimé(e), des apparences jusqu'aux plus petits détails. A la base, une simple face B, qui a ensuite été incluse dans l'album d'alors. Petite chanson sans prétention, mais quelle finesse mélodique, quelle poésie dans le texte!

5. La estación (1984)
Nacho quitte le domicile familial et laisse avec lui ses souvenirs sur le quai (si j'ai bien compris. lol) Un morceau très efficace et très représentatif des compos du jeune frère à l'époque: pas d'intro et des outros très longues, une montée en puissance en cours de route. Une griffe délectable.

Je pourrais reprendre quasiment mot pour mot ce que j'avais écrit pour le Top'Toine 2019: "Au cours d'une année, périodes de boulimie musicale assoiffée de découvertes succèdent à périodes de ressassement confortable (et agréable!) des valeurs sûres."

Cette année, c'est particulièrement le cas une fois encore!

Côté révélations: Okay Cactus, avec deux excellents titres confortablement classés, et Cédric Vuille, découvert il y a bien longtemps mais généreusement redécouvert cette année. Notons aussi la présence des tous jeunes Adèle Tango et Alexa Gredy, mais aussi Maurane.

Au rayon des habitués: Ana Torroja, qui classe haut et fort son dernier single, une fois encore; Anne Sylvestre, qui nous a malheureusement quittés cette année.

Parfois, ce sont des périodes entières autour d'un artiste qui laissent leur empreinte (Francine Raymond, Partenaire Particulier, Mecano). Parfois, c'est juste une chanson ("Monkey me" de Mylène Farmer, "Enfant d'exil" de Julie Pietri).

D'ailleurs, plusieurs titres déjà classés (parfois des anciens n°1!) font leur retour: "No es serio este cementerio" (#2@2009) et autres chansons de Mecano, "Les démons de minuit" 99 (sans doute n°1 du Top'Toine 2005 s'il avait été fait!), "Qui sommes-nous" (#48@2007), El Cine (#1@2018)...

Pour la première fois, aucune compilation "80's de l'ombre" cette année (crise oblige, la fouille dans les bacs s'étant avérée rare). Malgré tout, on décèle quelques traces d'un volume 2020 pas encore complet (Jacques Delaporte, "Ancien Combattant", Koko et moi, "Tu te bas je me résille"...), ainsi que quelques résurgences (surprise pour Sheila O'Connor non classée à l'époque de ma découverte en 2014!)

Et en première place, retour d'un titre déjà multi-classé, et qui avait déjà atteint cette position (#29@2012, #1@2013, #27@2014): l'excellent (quoique souvent décrié) "Monkey me" de Mylène Farmer, qui s'ancre au sommet encore plus confortablement que la première fois! Et pour le coup, il y a une raison toute bête: le visionnage cette année de la série "12 monkeys", qui n'a pourtant rien à voir, mais qui m'a remis régulièrement la chanson au bout des lèvres (chose qui n'était déjà pas difficile). Tiens, d'ailleurs, le n°30, Lech Janerka, et le n°33, David Carabén, sont tous deux liés à des séries eux aussi, mais dont ils font partie de la BO, pour le coup!

Ce n'est que la deuxième fois que ça arrive: un n°1 deux années différentes! Bravo Mylène! Ce n'était pourtant pas du tout une année "Farmer" en dépit de cela, sauf si prend en compte la présence de plusieurs titres de sa nouvelle protégée, Julia.

Ceci montre que ce top n'est pas seulement musical, mais également reflet de plusieurs petits ou grands événements de mon année (coucou les psychologues!). Et aussi qu'il est évidemment totalement personnel et subjectif, malgré la relative "objectivité scientifique" de comptabilisation des points: un point par jour par "chanson du jour" (il peut y en avoir plusieurs), et comptage des points en fin d'année (ce n'est pas un top que je fais le 31 décembre en essayant de me souvenir globalement de ce qui m'a marqué. D'ailleurs, c'est l'intérêt aussi, à plusieurs reprises en faisant le point, je me suis dit: "Tiens, c'est quoi ce titre? Ah oui, c'est vrai!" ou "Tiens, c'est vrai que j'ai eu cette petite période à ce moment-là"!, et a contrario: "Tiens, j'aurais cru que ce titre là serait super bien classé, et en fait pas du tout"! )

Que d'émotions, pas vrai?

Tenez, un exemple tout bête: je crois que je n'aurais pas idée de dire que je classe "Course d'un point à un autre" de Fort Boyard, qui paraît très mineur et anecdotique. Et finalement, force est de constater (et ce chaque année depuis que j'ai décidé de le prendre en compte) que je l'ai régulièrement - et agréablement, sinon ça marche pas, je ne compte pas les "vers d'oreille" - en tête.

Et comment je classe tous ceux qui sont à égalité (et plus on descend, plus ils sont nombreux)? Pour le coup, là, c'est plus subjectif. Mais j'ai quelques "pistes" parfois pour m'aider. Par exemple, je vais tendance à mettre en premier un titre dont les points sont éparpillés sur l'année (écoute pérenne) et plus en bas un titre que j'aurai écouté en boucle quelques jours d'affilée puis plus du tout (lassitude rapide).

Toutes ces précisions vous manquaient terriblement pas vrai? Ah, comme je suis heureux d'avoir assouvi votre soif de savoir! Et impatient d'en faire encore de même l'an prochain! :D