
Anton Roman, fouillant avec ferveur dans une caisse remplie de cassettes, me fait écouter tour à tour nombre de démos. La plupart sont excellentes, c'est avec émotion que je découvre ce que l'on peut qualifier d'album 80 inédit d'Anton Roman, ainsi que de premières versions des titres à paraître sur son futur album.
Parmi ces inédits, on trouve par exemple « 1789 », une chanson sur l'anniversaire de la révolution, « Ombre », une chanson sur Haïti, ou encore « C'est la victoire », titre jamais paru sur disque mais qui est devenu l'hymne des jeux de la francophonie au Maroc en 1989, sélectionnée parmi 200 chansons et 28 pays représentés !
Parmi ces inédits, on trouve par exemple « 1789 », une chanson sur l'anniversaire de la révolution, « Ombre », une chanson sur Haïti, ou encore « C'est la victoire », titre jamais paru sur disque mais qui est devenu l'hymne des jeux de la francophonie au Maroc en 1989, sélectionnée parmi 200 chansons et 28 pays représentés !
Découvrir cet inédit dans cette vidéo des jeux 1989!
Anton Roman : Dans les années 80 et jusqu'en 95-96, j'ai été très prolifique. Je voulais vraiment percer.
Et comment s'est construit votre album « Rêver pour oublier » ? Vous collaborez avec des pointures, notamment Thierry Durbet ou Kamil Rustam, régulièrement évoqués sur ces pages. Est-ce votre nouvelle maison de disques qui vous a amené tous ces arrangeurs ou les avez-vous sollicités vous-même ?
J'ai choisi mes arrangeurs moi-même et la maison de disques a eu le produit fini ! J'ai trouvé des mécènes sur Metz et j'ai été à Paris 15 jours dans de grands studio (Guillaume Tell, Davout). On a contacté les arrangeurs, ils ont demandé à entendre les maquettes, ils ont accepté. Ils ont ensuite écrit les arrangements, nous les ont fait écouter, et c'était parti.
Faire appel à eux n'a pas coûté plus cher que de demander les services de musiciens locaux à qui parfois tout est dû et qui sont moins efficaces ! Thierry Durbet, Kamil Rustam, ce sont des pointures, et ça devient vite des partenaires. On mangeait ensemble et ils n'hésitaient pas à payer le repas de temps en temps. « Il n'y a pas de raison que tu payes tout ! » me disaient-ils.
Vous avez gardé des contacts avec eux?
Non, car ils sont partenaires pour la durée du projet mais ensuite ils partent vers les suivants, ils sont très demandés. Mais j'ai beaucoup de souvenirs et d'anecdotes avec eux. On avait notamment réfléchi à donner une direction différente à l'album, plus live. On était en 1992, c'était la période de transition machines/acoustique et la question s'est posée.
Vous anticipez une question que je voulais vous poser : l'album n'est-il pas sorti un peu tard ? Même s'il sonne quand même plus début 90 que 80, surtout en comparaison avec les premières versions très « boite à rythme » que vous m'avez fait écouter, l'album est encore largement nourri des sonorités de la décennie précédente (ce qui, au passage, me ravit !).
Thierry Durbet avait contacté Manu Katché pour qu'il vienne enregistrer de la batterie live et il était d'accord ! Mais comme on avait commencé tout l'album avec des programmations, on ne s'est pas hasardé à des mélanges qui auraient menacé de rompre la cohérence du disque. J'ai quand même d'excellents musiciens qui ont fait un travail formidable : Patrice Tison aux guitares, Kako Bessot à la trompette... un vrai bonheur ! Quant à moi, j'ai eu le plaisir de jouer du bugle ! Les arrangeurs m'ont laissé faire et ont apprécié le résultat, mais m'ont confié ensuite en plaisantant qu'ils avaient eu peur que je leur bouzille tout ! (rires)


Faire appel à eux n'a pas coûté plus cher que de demander les services de musiciens locaux à qui parfois tout est dû et qui sont moins efficaces ! Thierry Durbet, Kamil Rustam, ce sont des pointures, et ça devient vite des partenaires. On mangeait ensemble et ils n'hésitaient pas à payer le repas de temps en temps. « Il n'y a pas de raison que tu payes tout ! » me disaient-ils.

Non, car ils sont partenaires pour la durée du projet mais ensuite ils partent vers les suivants, ils sont très demandés. Mais j'ai beaucoup de souvenirs et d'anecdotes avec eux. On avait notamment réfléchi à donner une direction différente à l'album, plus live. On était en 1992, c'était la période de transition machines/acoustique et la question s'est posée.

Thierry Durbet avait contacté Manu Katché pour qu'il vienne enregistrer de la batterie live et il était d'accord ! Mais comme on avait commencé tout l'album avec des programmations, on ne s'est pas hasardé à des mélanges qui auraient menacé de rompre la cohérence du disque. J'ai quand même d'excellents musiciens qui ont fait un travail formidable : Patrice Tison aux guitares, Kako Bessot à la trompette... un vrai bonheur ! Quant à moi, j'ai eu le plaisir de jouer du bugle ! Les arrangeurs m'ont laissé faire et ont apprécié le résultat, mais m'ont confié ensuite en plaisantant qu'ils avaient eu peur que je leur bouzille tout ! (rires)

Comment s'est fait le choix du single leader, « Comme un modèle de Gauguin » ?
C'est la maison de disques qui a choisi et j'étais d'accord. Pour l'anecdote, elle voulait 10 titres. J'en ai proposé 15, ils en ont choisi 9 et j'ai dû rapidement en écrire une dixième. Je les soupçonne de m'avoir mis au défi d'écrire très rapidement une nouvelle chanson, pour voir si j'en étais capable ! « Besoin d'amour » est cette fameuse dixième chanson, que j'ai écrite suite au décès d'une amie.

Quel a été l'accueil de l'album ?
La maison de disques ne s'est pas beaucoup investie. Ils ont juste assuré la distribution. Moi, j'y croyais tellement que j'ai vendu mon restaurant et j'ai racheté mes droits. Il fallait quand même le faire ! A partir de ce moment-là, je n'ai plus fait que ça. J'ai proposé les titres à une maison de disques en Belgique, Indisc, qui a assuré un nouveau pressage en 1993. Eux ont choisi de nouveau « Devenir femme », puis « Imagine » en singles. J'ai pas mal tourné là-bas aussi.
C'est la maison de disques qui a choisi et j'étais d'accord. Pour l'anecdote, elle voulait 10 titres. J'en ai proposé 15, ils en ont choisi 9 et j'ai dû rapidement en écrire une dixième. Je les soupçonne de m'avoir mis au défi d'écrire très rapidement une nouvelle chanson, pour voir si j'en étais capable ! « Besoin d'amour » est cette fameuse dixième chanson, que j'ai écrite suite au décès d'une amie.


La maison de disques ne s'est pas beaucoup investie. Ils ont juste assuré la distribution. Moi, j'y croyais tellement que j'ai vendu mon restaurant et j'ai racheté mes droits. Il fallait quand même le faire ! A partir de ce moment-là, je n'ai plus fait que ça. J'ai proposé les titres à une maison de disques en Belgique, Indisc, qui a assuré un nouveau pressage en 1993. Eux ont choisi de nouveau « Devenir femme », puis « Imagine » en singles. J'ai pas mal tourné là-bas aussi.

Pourquoi la chanson « Graffiti » s'est-elle vue rebaptisée « Nuit de graffitis » sur ce nouveau pressage ?
Sur le premier, c'était une erreur de l'éditeur, tout simplement.
Après ce disque, un second album était-il envisagé ?
Oui, j'avais le matériel pour, mais j'ai été pris dans la spirale. J'aurais pu signer pour 5 albums avec Indisc, mais pas en licence, seulement en distribution. Je n'avais plus l'argent nécessaire à la production de nouveaux titres. J'avais une famille, des enfants ; j'étais devenu intermittent du spectacle, et la priorité a été d'investir dans du matériel son, de faire des démarches pour trouver des dates... En 1995, j'ai formé mon orchestre, j'ai trouvé une formule viable et j'ai décidé que je ne ferais plus de création.
Malgré tout, vous avez encore sorti de nombreux disques ! Il y a notamment, signé Anton Roman et Charline, ce disque paru en 2002, « Entre elle et moi », dont j'ignorais d'ailleurs l'existence jusqu'à il y a peu !
C'est ma fille ! Elle aussi est chanteuse et intermittente du spectacle. Elle a pris des cours avec Armande Altaï et apparaît dans son DVD. Ce CD est juste né d'une envie de chanter avec ma fille. Mais il s'agit de reprises. Je n'ai pas refait de CD de création.

Sur le premier, c'était une erreur de l'éditeur, tout simplement.

Oui, j'avais le matériel pour, mais j'ai été pris dans la spirale. J'aurais pu signer pour 5 albums avec Indisc, mais pas en licence, seulement en distribution. Je n'avais plus l'argent nécessaire à la production de nouveaux titres. J'avais une famille, des enfants ; j'étais devenu intermittent du spectacle, et la priorité a été d'investir dans du matériel son, de faire des démarches pour trouver des dates... En 1995, j'ai formé mon orchestre, j'ai trouvé une formule viable et j'ai décidé que je ne ferais plus de création.

C'est ma fille ! Elle aussi est chanteuse et intermittente du spectacle. Elle a pris des cours avec Armande Altaï et apparaît dans son DVD. Ce CD est juste né d'une envie de chanter avec ma fille. Mais il s'agit de reprises. Je n'ai pas refait de CD de création.


Il y a eu aussi des CD live : un avec vos compositions dont quelques inédits, un autre de votre spectacle Sicilia Mia, un autre avec votre spectacle sur Daniel Balavoine...
J'ai aussi enregistré un CD au profit de Noël de joie, dont l'argent va aux enfants déshérités. Oui, en fait, j'en ai fait pas mal ! Mais ce sont des CD non commercialisés. Je les vends juste en fin de concerts. J'arrive tout de même à en écouler pas mal au bout du compte. Celui qui marche le mieux est Sicilia Mia, qui reprend des standards siciliens !
J'ai aussi enregistré un CD au profit de Noël de joie, dont l'argent va aux enfants déshérités. Oui, en fait, j'en ai fait pas mal ! Mais ce sont des CD non commercialisés. Je les vends juste en fin de concerts. J'arrive tout de même à en écouler pas mal au bout du compte. Celui qui marche le mieux est Sicilia Mia, qui reprend des standards siciliens !
Retrouvez Anton Roman sur www.antonroman.com

Aujourd'hui, même si vous n'en avez plus la nécessité financière, vous tournez toujours avec ces trois formules différentes : votre spectacle hommage à Daniel Balavoine, Sicilia Mia, et des animations pour soirées (piano bar, soirées à thème...). Question de passion ?
Question de survie. Le jour où j'arrête, j'en suis sûr, je décrépis, je meurs.
Question de survie. Le jour où j'arrête, j'en suis sûr, je décrépis, je meurs.
Merci à Anton Roman pour ses réponses et sa générosité. Merci à Cyril de m'avoir offert le rare CD de "Comme un modèle de Gauguin" à l'occasion de cette interview.