
Citons l'efficace "Les nuits de délire" avec Franck Soriano, la superbe et délicate "Chébika" avec Michel Denvert (#24@2011) ou l'excellent "Dose de toi" (#6@2012) avec le même chanteur.
Après m'avoir laissé un commentaire, Alain m'a fait la gentillesse de se prêter au jeu de l'interview! Voici ses réponses, rien que pour vous. L'occasion de découvrir de nouvelles coulisses de l'inextricable jungle de la musique!

J'ai commencé à pianoter en 1970. Comme je n'avais pas les moyens d'accéder à des cours de piano, j'ai réagi en me posant la simple question : "qu'est-ce que je ne sais pas faire?" La réponse étant: "Tout!", je me suis peu à peu inventé des cours (techniques, accords, harmonie...). Je me suis donc construit seul, lentement, et à l'oreille.

Je pense avoir eu, comme tout musicien de mon époque, l'occasion de participer à des bals musette ou des concerts rock, et j'avoue que ça plaisait bien aux jolies dames qui me demandaient l'heure au milieu du concert avec une loupe sur le regard! J'ai alors réalisé que je n'assumais pas ma personnalité car trop timide... Il me fallait donc être autre chose qu'un simple représentant scénique! Après de nombreuses reprises de titres connus (bal oblige), j'ai entendu mon frère jouer des accords au hasard sur son orgue et j'ai compris que la composition était le reflet de l'âme. Même si elle n'a pas de rythme au départ, on peut faire une merveille avec une simple mélodie dans la tête.

Il faut savoir qu'à la base, ce titre était chanté par Michel Denvert. Suite à une mésentente avec le producteur, celui-ci nous a présenté Franck, qui était mannequin à cette période. Mais on entend Michel qui fait les voix derrière.

Michel ne voulait pas être sur le devant de la scène, ce qui explique qu'il fait juste les ch½urs derrière. Franck a dû faire quelques exercices vocaux avant de se transformer en chanteur. On faisait ça chez moi la fenêtre ouverte et on entendait les applaudissements et les rappels de tout le voisinage, c'était impressionnant!

Ce producteur nous a rencontrés dans un bar, et nous a posé quelques questions sur ce qu'on pensait des musiques du moment sur les ondes et nous a finalement pris pour les nouveaux Beatles (rires)!

Ce titre a été modifié à plusieurs reprises, aussi bien les paroles que la musique elle-même. A vrai dire, je préférais les versions premières. Mais on doit accepter les critiques de celui qui produit puisqu'il paye. Sur les premières versions, il y avait des ch½urs que j'adorais, qui donnaient des harmoniques importantes. Mais bon, on peut quand même se satisfaire d'avoir eu la participation de Patrice Tison à la guitare (guitariste de Goldman et bien d'autres) puis de Dominique Bertram sur d'autres titres. Il y a eu également des versions pour les clubs.

C'est un peu compliqué à expliquer, ça. Pour résumer, c'est une décision du producteur.


Il y a eu un différend entre Franck et le producteur, ce qui a marqué la fin de cette production. Ces autres titres de Michel Denvert ont été réalisés en même temps que "Les nuits de délire", mais sont sortis sur le marché un peu plus tard. C'est Michel et moi qui en sommes essentiellement à l'origine. Une vidéo a été tournée sur "Quand elle s'endormira", et a fait pas mal de passages sur M6. Concernant Chébika, c'est une ville qui existe bel et bien! Michel en revenait, d'où l'inspiration.

Le conflit était dû au temps passé à attendre la sortie du disque. Celle-ci a été retardée à cause d'un titre qui passait en boucle sur les ondes à la même époque... un certain "Nuit de folie"!

Pour le coup, je ne sais pas d'où venait la décision, je ne rentrais pas trop dans les secrets du producteur...

J'ignorais qu'il existait des maxis pour Michel Denvert! Et surtout une version longue, qui à dû être faite par l'ingé son de l'époque! C'était sans doute dû au clip qui passait à la télé...

Michel Denvert est mon beau-frère. Il m'a toujours fait rire. Lors d'une de ses visites, je lui demande: "T'aurais pas une bière?" Il me répond "Juste un fond!". Alors j'ai chanté "Juste une dose de toi"!


La technologie actuelle permet de faire de belles choses, mais sans vouloir manquer de respect à certains artistes, je trouve qu'elle pollue un peu au détriment du créateur. Beaucoup de producteurs produisent eux-mêmes des titres avec trois accords, des copiés-collés et mettent un son d'enfer qui pète bien et c'est bouclé. Plus de place pour l'artiste et la création naturelle. Je suis donc un râleur et un nostalgique de cette belle époque!

On peut dire que Michel a eu peur de son succès. Au moment où le clip passait de manière redondante sur M6, il était reconnu à la moindre de ses sorties, en voiture, en courses, ou ailleurs! La pression même positive lui faisait peur et ne correspondait pas à ses ambitions. Il a donc préféré laisser derrière lui la star et rester lui-même... Et puis, nous avons fait notre temps, place aux jeunes.

Michel est mon adorable beau-frère. On est éloignés mais le c½ur est proche. Franck, en revanche, je ne l'ai jamais revu malgré quelques recherches.

J'ai reçu beaucoup de propositions, mais en même temps j'ai affronté une grave et longue maladie qui ne m'a pas permis de m'engager. Je suis finalement devenu programmateur de sites Internet, j'ai dû faire environ 25 sites qui n'ont rien à voir avec du commercial et de la musique.

Avec le temps, j'ai acquis du bon matériel pour composer mes musiques convenablement! Il serait dommage de laisser ce trésor dormir. Je crée donc quelques musiques pour la plupart libres de droit car pour moi la musique a toujours plus de valeur quand elle n'est pas business!