
De nombreux singles ont précédé la sortie du disque, et, malheureusement, titre après titre, ma déception n'a fait que se confirmer.
Pourtant, objectivement, il n'y a rien à redire sur la qualité du travail proposé : les titres sont bien produits, bien écrits, avec des sonorités soignées.
Alors, que s'est-il passé ? Le seul bémol que je faisais sur L'île noire était l'inspiration mélodique : ce défaut (à mon goût) s'est cruellement aggravé sur ce nouvel album, puisque la plupart du temps, de mélodie il n'y a même plus, les compositeurs se contentant de chantés-parlés, au moins sur les couplets. Pour un titre ça va... (Tout et son contraire, découvert en premier, en est d'ailleurs la preuve). Deux titres, ça passe encore... Trois, ça commence à être pénible. Quand c'est un titre sur deux, on commence à se demander si derrière un style apparemment assumé (évidemment, certains s'empressent de citer la sacro-sainte référence Gainsbourg) ne se cache pas une paresse artistique (moi qui écrivais strictement l'inverse il y a trois ans !).
Et malheureusement, même les titres qui ne suivent pas ce schéma, comme Riga ou Abandonné, s'ils sont follement sympathiques et ont facilement trouvé le chemin de mes playlists, ce ne sont pas de réels coups de c½ur.
De même, les instrumentaux ou interludes du précédent disque étaient finement amenés et concouraient à la cohérence de l'ensemble. Ici, hélas, on tombe dans ce que ce genre d'exercice présente comme risque, à savoir un goût de dispensable et de remplissage.
Finalement, même la pochette se fait le reflet de ce déclin. La précédente était colorée, oscillant entre rétro et modernité, mettant en valeur les atouts du groupe. Ici, on n'a qu'un dessin certes très stylisé mais pas très beau (surexploité en pochette de chaque titre) et même pas le nom du groupe (je n'aime pas du tout les pochettes qui font ça).
Peut-on vraiment tenir rigueur à Rouge Congo de tout cela ? La pochette, c'est une affaire de goût, et quand bien même, c'est un moindre mal. Quant à la mélodie, il faut avouer qu'elle n'a pas le vent en poupe depuis quelque temps. La mélodie, aujourd'hui, c'est souvent jugé vieillot, surfait, ringard. On susurre, on parle-chante, on rappe. C'est ça qui se fait en ce moment. Le duo a-t-il donc sans doute raison de poursuivre cette voie (à mon grand regret). D'autant que cela semble leur porter chance avec un joli accueil des différents titres, ce dont je me réjouis pour eux malgré tout.
Le précédent opus avait pourtant prouvé qu'on pouvait (presque) allier les deux tout en restant bien moderne.
Je suis vraiment navré d'être tant sévère avec un groupe aussi créatif et prometteur que Rouge Congo. Cet article est au fond l'histoire d'un petit chagrin d'amour. :o
Pour tempérer mes propos et finir sur une note positive (et sincère !) : plusieurs titres de l'album s'avèrent donc bien sympathiques, les sonorités restent souvent jouissives et les textes conservent cette densité et cette poésie qu'on leur connaît.
Amateurs de sonorités 80, je vous invite donc à jeter malgré tout une oreille curieuse à ces nouveaux titres.
En attendant de voir quel chemin le groupe choisit pour la suite...
1. Rien n'a de sensØ
2. Plein soleil*
3. Destination paradisØ
4. Abandonné*
5. Dans leurs yeux
6. Je ne contrôle plus rienØ
7. Je ne suis pasØ
8. Réalité*
9. Tout et son contraire**
10. Riga*
11. Il est temps*
12. Rêver ne suffit pasØ
13. Virée perdueØ
14. Le Sommeil*